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Exploiter les données pour optimiser la gestion d'un patrimoine et la création de valeur - Vincent Bailly (Association Lavaux Patrimoine mondial)
Vincent Bailly est le directeur de l'Association Lavaux Patrimoine mondial, une entité qui est en charge de la gestion du site Lavaux, vignoble en terrasses inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2007.
Vincent est géographe de formation et journaliste. Il a également travailler à l'Office du tourisme du canton de Vaud pour l'information et le développement multimédia. Désormais, il s'occupe de la préservation du site Lavaux, vignoble en terrasse. Dans cet épisode, Vincent Bailly explique comment la valorisation des données permettra de suivre les flux de visiteurs et d'améliorer leur expérience après les avoir interprétées de manière pertinente avec l'aide de différents instituts de recherche.
Transcription (en français)
Bonjour, je m'appelle Vincent Bailly, je suis l'actuel directeur de l'association Lavaux Patrimoine mondial. C'est une entité qui est actuellement en charge de la gestion du site Lavaux vignoble en terrasses inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2007. Je suis géographe de formation, journaliste. J'ai eu la chance de travailler également à l'information et au développement multimédia à l'Office du tourisme du canton de Vaud. J'ai pris en charge également de nombreuses campagnes digitales pour cet office. Désormais, je suis plus à la préservation du site Lavaux vignoble en terrasses qu'à sa promotion, qui est assumée actuellement par les offices du tourisme de Montreux-Vevey Tourisme et de Lausanne Tourisme. Alors en arrivant en poste à Lavaux Patrimoine mondial, on m'a donné une mission importante qui est la révision du plan de gestion. C'est la stratégie générale du site de Lavaux vignoble en terrasses qui nous est demandée par l'UNESCO pour garantir une préservation coordonnée du site pour les années à venir et donc maintenir l'inscription du site à l'UNESCO. Et dans le cadre de ce très gros document, très important, il y a un axe monitoring qui est essentiel: on ne peut mettre des mesures correctes et adaptées en place si on n'a pas une vision assez précise de ce qui se passe dans le périmètre. Et il est vrai qu’en arrivant en fonction, je me suis aperçu qu'il y avait une lacune quand même, ou un manque assez flagrant, de données, d'informations sur le site en tant que tel.
D'un certain côté, on a également un partenariat avec l'université de Lausanne qui nous a énormément soutenu dans la mise en place d'un monitoring avec une interface qui s'appelle géolavaux.ch qui collecte un certain nombre de données démographiques socio démographiques, économiques et territoriales sur le site. Ça c'est une très très bonne chose. On a vraiment eu de beaucoup de chance de pouvoir mettre ça en place avant même mon arrivée. Et puis on a également un travail assez fin qui est fait avec l'Observatoire du tourisme qui est porté par Florence Wargnier chez Vaud Promotion, qui nous a aussi permis d'obtenir des informations extrêmement qualitatives sur les typologies et les attentes des touristes sur site.
Donc on a quand même de l'information qui existe, mais elle est moyennement ciblée sur le périmètre Lavaux est à part entière, surtout dans le cadre des informations touristiques. Donc un des enjeux principaux pour nous, c'est d'essayer de monitorer un petit peu les comportements touristiques dans le périmètre, non pas pour développer des produits touristiques (ça, c'est vraiment la mission des offices du tourisme) mais pour mieux comprendre les interactions qui existent entre les différentes populations qui évoluent dans le site.
On a évidemment comme population, les vignerons qui travaillent, c'est un vignoble qui est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, donc c'est un espace économique avant tout. On a évidemment les populations historiques, qui sont dans les bourgs historiques, ou dans les villages qui composent le périmètre. Et puis on a également toutes les populations qui y viennent, les touristes, les excursionnistes, donc ces personnes qui viennent dans le cadre d’une journée mais qui ne dorment pas sur site. Et on s'aperçoit qu'on a beaucoup d'enjeux de cohabitation entre ces différentes populations parce que leurs attentes vis-à-vis du vignoble en terrasses de Lavaux sont différentes. Et on a vraiment besoin de savoir mieux comment se comportent toutes ces populations.
Et c'est pour ça qu'on est en train de réfléchir à mettre en place des programmes d'analyse des flux et des comportements dans le périmètre. On est en train d'étudier à l'heure actuelle une possibilité au travers des données GSM, donc des données qu'on peut capter de manière totalement anonyme sur les personnes qui sont en possession de smartphones, parce que c'est des données qui sont très précises et pour lesquelles on a quand même des informations de géolocalisation, c'est à dire qu'on est parfaitement capable de savoir une personne si elle est du périmètre Lavaux, si elle est dans les agglomérations Lausanne, Montreux, Vevey, si elle est en Suisse, voire à l'international. Et ensuite, comme il y a des relevés qui sont faits en temps réel sur les positions des personnes, ça vous le savez, quand vous utilisez votre Google Maps traditionnel, on est capable d'identifier les flux, les durées de stationnement sur un périmètre donné, les comportements dans le périmètre.
Et ça, c'est une première approche qu'on essaye de mettre en place pour essayer de voir déjà les flux et les types de personnes qui évoluent dans le périmètre. A partir de ces données, l'idée étant de savoir comment ces comportements on peut les traiter et puis comment on peut optimiser les expériences touristiques avec les offices du tourisme pour essayer de générer de la valeur économique dans le périmètre. Un des gros enjeux qu'on a, au niveau du périmètre Lavaux, et plus dans la préservation, c'est en fait que les personnes qui évoluent dans le périmètre, ne dépensent que très, très peu ou trop peu dans le périmètre. Or une population qui évolue dans le périmètre sans y dépenser d'argent, c'est un petit peu carré de le dire comme ça, mais c'est une personne qui pourrait représenter une charge pour la collectivité et pour les entités qui sont en charge de l'entretien, de la préservation du site.
Et donc une fois qu'on aura une meilleure idée de leur comportement et des sources de ces personnes, on sera peut-être à même de traiter ou d'offrir des expériences touristiques qualitatives, qui permettront justement de générer plus d'argent dans le périmètre parce qu'on ne préserve un site que si on offre au tissu local la capacité de préserver lui aussi ce périmètre. Donc une fois que les données auront été collectées, on va travailler avec différents instituts de recherche pour les qualifier. Et puis après nous permettre justement de les interpréter. Il faudra également diffuser ces informations parce que l'association Lavaux patrimoine mondial n'a pas du tout la capacité de pouvoir seule interpréter ces éléments et les transformer en mesures concrètes. Donc on est déjà actuellement en travail avec l'université de Lausanne mais également avec l’EHL, l’HES-SO section Tourisme du Valais qui nous soutient également sur les approches touristiques. Et une fois qu'on aura ce pôle de recherche, l'idée c'est de faire émerger certaines tendances, mettre en place un certain nombre de mesures. Et l'ensemble devra trouver dans un emplacement pour être diffusé et on est en parallèle en train de refaire totalement notre site internet pour être en mesure de mieux répondre également à nos cibles que sont les institutionnels et les acteurs du tourisme pour mieux comprendre le site.
Et ça, c'est extrêmement important. Une fois qu'on a de la donnée et qu'on en fait quelque chose, il faut absolument la diffuser, sinon elle ne sert à rien et ça, c'est un énorme enjeu pour nous parce qu'on doit vulgariser sur ces informations et ne pas donner l'impression qu’on monitore pour nous et qu'on surveille, on est vraiment là pour optimiser l'approche touristique, sensibiliser sur les enjeux qui sont faits et pour ça, on a besoin de la donnée. La donnée est extrêmement profitable pour amener, pour étayer nos argumentaires et notre vulgarisation.
Il faut savoir, on parle de données depuis quelques minutes. Ça peut paraît parfois un peu barbare, un peu obscure, mais c'est extrêmement concret pour nous parce que une fois qu'on saura comment les personnes se comportent dans le périmètre, ça nous permettra de développer des produits patrimoniaux-touristiques avec nos partenaires des offices du tourisme pour répondre au mieux à leurs attentes. Je donne un exemple, on a déjà à l'heure actuelle un certain nombre de visites guidées qui auront lieu dans le site, qui sont portés par une quarantaine de guides du patrimoine qu'on forme en permanence. Ces données devraient nous permettre d'optimiser les lieux de départ, les durées, les comportements, les attentes et également de transmettre une information auprès de ces publics qu'on ne connaissait peut-être pas dans le sens d'une meilleure expérience touristique. Et pour nous c'est essentiel. Si on a une excellente expérience touristique, on a des personnes qui sont satisfaites, qui dépensent dans le site, qui font vivre cet écosystème et c'est l'objet premier de notre mission patrimoniale et elle est en en complément total de l'expérience touristique que les offices proposent également.
À mon sens, l'exploitation des données à l'heure actuelle est largement insuffisante. Il est essentiel qu’on se mette autour de la table pour trouver des solutions et des ressources humaines dédiées à l'analyse des données et à leur communication. On est encore à mon sens un peu trop centré sur des perceptions, des sentiments, des intuitions (auxquelles je ne m’oppose pas du tout). Mais on a énormément de données ultra qualifiées et qualifiantes qui devrait nous permettre d'optimiser notre expérience touristique. On peut tout à fait garantir une expérience humaine qui soit complètement basée sur de la donnée.
La donnée, en fin de compte, elle nous est presque essentiellement toujours donnée par les actions et par les comportements d'êtres humains, donc ne pas y faire appel, c'est à mon sens biaiser la qualité finale du produit.
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